Un mariage de courte durée (par Pierrette Brière)

Julien Tétreault, fils de Solyme

L’examen du registre paroissial de Saint-Césaire, dans le comté de Rouville, nous révèle quatre actes concernant une même famille Tétreau enregistrés en moins d’une semaine, soit les 17, 18 et 20 avril 1881. Il n’en faut pas plus pour piquer notre curiosité.

Le 17 avril, le curé Provençal baptise deux enfants : Joseph Julien Guillaume, né le 13 juillet 1875, et Marie Ida Lelian, née le 4 février 1871, tous deux nés de l’union de Solime Tétreault et d’Olive S. Willard. L’usage des termes « né de l’union » nous porte à croire que les parents n’étaient pas mariés.

Nous avons vu juste puisque, dès le lendemain, soit le 18 avril, le même prêtre célèbre le mariage de Solime Tétreault, fils de Julien et de Céleste Vincelette, et d’Olive Willard, infidèle, fille de Peter et de feu Anna Glisson de Chelmsford, Massachusetts, aux États-Unis. Cet acte comporte toutefois plusieurs mentions inhabituelles :

  • D’abord, trois dispenses émises par monseigneur Louis-Zéphirin Moreau, évêque de Saint-Hyacinthe : dispense de disparité de culte, dispense du temps prohibé et dispense de toute publication;
  • Ensuite, un indult papal en date du 7 mai 1876 (faveur accordée par le Saint-Siège qui dispense du droit commun de l’Église);
  • De plus, un texte stipulant que « […] après avoir reçu de ladite Olive Willard la promesse qu’elle consent à ce que son époux élève ses enfants dans la religion catholique, qu’elle ne gênera en rien son mari dans l’exercice de sa religion, ledit époux s’étant engagé à travailler à la conversion de sa femme […] »;
  • Finalement, une précision à l’effet que les époux n’ont pas pu signer « à cause des circonstances ».


L’acte qui suit immédiatement celui du mariage nous réserve une triste surprise : de retour dans son église le 20 avril, le curé Provençal inscrit la sépulture du jeune marié. Solime Tétreault est décédé le 18 avril, le jour même de son mariage, laissant une veuve et deux jeunes orphelins. Emporté prématurément à l’âge de 45 ans, il n’aura pas eu le temps de travailler à la conversion de sa femme ni d’élever ses enfants dans la religion catholique, comme il s’était engagé à le faire quelques heures plus tôt.

Sources : Généalogie Québec; BMS2000; Ancestry.ca.

Texte extrait du bulletin Les Tétreau disent... Vol 16, no 2 (septembre 2014)